L’eau est un visage, éditions Filigranes, 2003
Photographies de Julie Ganzin
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Je file comme on conduit une vedette un peu folle sur le lac de Genève en plein été : les paysages sont là, bien en place, le décor tient bon, les couleurs sont exactes et rythment la vision avec une précision d’horloger. Mais un son, un bruit, un élément vient troubler tout cela, et c’est dans ce trouble créé que je cherche le visage de son oeuvre. Les espaces de Julie Ganzin sont souvent nimbés de calme lumière, protégés par une indolente ceinture végétale qui adoucit la vie des hommes et leur commerce avec l’industrie – cette industrie mangeuse d’hommes qui ouvre partout où elle le peut sa forte gueule aux dents de métal acérées. Malgré la paix, au-delà de la sérénité des photographies, on cherche à lire la fêlure qui travaille derrière les apparences, on cherche à entendre cette fable diabolique que nous conte à mi-voix, du coin de l’oeil, Julie Ganzin.
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