Des textes inédits d’Euripide découverts : “L’Antiquité a encore de l’avenir !”
Un fragment de deux pièces du dramaturge, considérées comme perdues, a été découvert en Égypte. Le papyrus datant du IIIe siècle contient soixante-seize lignes inédites. Un événement exceptionnel.
Le papyrus découvert dans la nécropole de Philadelphie. Photo Basem Gehad
Ébullition dans le microcosme helléniste : un papyrus contenant deux fragments inédits d’Euripide a été retrouvé sur le site archéologique de Philadelphie, en Égypte. La découverte, majeure, est détaillée dans la revue universitaire allemande Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik. Caroline Fourgeaud-Laville, spécialiste de la Grèce antique, docteure en lettres et autrice de Grec ancien express (2023) et d’Eurêka (2022) aux éditions Les Belles Lettres, nous explique les enjeux de cette fascinante découverte.
Comment ces textes ont-ils été retrouvés ?
L’archéologue Basem Gehad dirige les fouilles de la nécropole de Philadelphie. En novembre 2022, il a découvert, dans une des tombes, un papyrus de
27 centimètres carrés datant de la fin du IIIe siècle. Il a immédiatement envoyé une photo à Yvona Trnka Amrhein, une spécialiste de lettres classiques avec qui il collabore régulièrement. Elle a réussi à déchiffrer quatre-vingt-dix-huit lignes du document. En les comparant à une banque de données rassemblant l’ensemble des textes grecs antiques, le Thesaurus Linguae Graecae, elle s’est aperçue que vingt-deux d’entre elles étaient reconnues et attribuables à Euripide. Le papyrus révèle donc au monde soixante-seize lignes parfaitement inédites ! Avec son directeur de recherches, John Gilbert, ils en ont conclu que nous avions affaire à deux œuvres, datées du Ve siècle avant J.-C., que l’on croyait perdues :
Polyidus et Ino.
En quoi est-ce une découverte exceptionnelle ?
C’est véritablement l’histoire d’une résurrection. Les deux textes font d’ailleurs référence à la mort : comment la dépasser ou comment l’éviter. Cette découverte est exceptionnelle car elle nous donne à lire des textes dont nous n’avions que de courtes citations. Par exemple, une formule de Polyidus est restée célèbre car elle est citée dans le Gorgias de Platon : « Qui sait si la vie n’est pas une mort, et la mort une vie dans un autre monde ? » Or le papyrus contient un extrait d’une scène où Minos et Polyidus débattent de la moralité de ressusciter les morts. C’est aussi un miracle technique. Les papyrus sont très fragiles, et nous savons qu’il existe une cohorte de textes absents. Ce sont là de grandes énigmes de l’Histoire, et c’est, je crois, ce qui enchante le public : comment un texte du Ve siècle peut-il resurgir aujourd’hui, traversant à la fois le tamis du temps, de l’espace, des conditions climatiques, des guerres et du jugement critique de sociétés qui ont eu tout pouvoir sur lui, celui de le condamner comme de le sauver ? Des mille deux cents tragédies qui furent jouées dans l’Athènes du Ve siècle, nous n’en possédons que trente-deux : sept d’Eschyle et de Sophocle, dix-huit d’Euripide… Pour déchiffrer et comprendre ces œuvres qui réapparaîtront un jour, nous devons continuer à étudier le grec ancien. Ces prochaines découvertes auront probablement aussi lieu en Égypte, où les érudits et leurs textes ont beaucoup circulé, grâce à Alexandre. L’Antiquité a encore de l’avenir !
Ces textes présentent-ils Euripide sous un jour différent ?
Je dirais plutôt qu’ils confortent un sentiment déjà partagé par beaucoup d’hellénistes. Parmi les pères de la littérature grecque, Euripide occupe une place à part. Il était d’ailleurs très critiqué de son vivant et a dû s’exiler en Macédoine. Il a renouvelé le genre de la tragédie, en développant une forme de sensibilité nouvelle, en décrivant les sentiments, tous les excès humains, et en renouvelant le regard méfiant que les Grecs portaient sur les femmes. Ainsi, Ino est un
personnage de la mythologie considéré comme une femme démoniaque et cruelle, mais Euripide choisit ici d’en faire une victime rusée.
Pourquoi est-il important que nous continuions à lire les auteurs antiques ?
Nous les érigeons comme des modèles mais, en réalité, ils ont souvent réfléchi, parfois de manière très impudique, sur les expériences désastreuses qu’ils ont traversées. Lire leurs textes permet de renforcer notre capacité de résistance au malheur, notre compréhension d’autrui et de nous-mêmes. Comme avec tous les grands auteurs, lire Euripide, c’est avoir accès à tout un pan de la sensibilité humaine qui, sans lui, nous échapperait. Plus largement, notre culture est marquée par les valeurs issues des auteurs de la Grèce antique : nous pensons avec leurs mots, leurs images et leurs catégories. Il est impératif que nous entretenions ce lien : à leur contact, nous aiguisons notre façon de penser, enrichissons notre vocabulaire et notre présence au monde.
Un archéologue égyptien versé dans l’exploration des nécropoles, une jeune papyrologue américaine et un fameux spécialiste des tragédies grecques. La découverte de nouveaux fragments d’Euripide a tout pour fasciner. « C’est une histoire à la Indiana Jones », s’emballait mardi 6 août au micro de France-Culturel’helléniste Caroline Fourgeaud-Laville. Il est vrai que le monde occidental aime se contempler dans le miroir de l’Antiquité grecque et que cette trouvaille est du genre de celle qu’on fait une fois tous les demi-siècles.
Entretien avec Caroline Fourgeaud-Laville : un voyage réjouissant au pays du grec ancien !
Je suis allée à la rencontre de Caroline Fourgeaud-Laville, docteure ès-lettres, Membre du Centre de Recherche en Littérature Comparée (Sorbonne), qui se présente à nous aujourd’hui avec deux de ses nombreuses casquettes : fondatrice de l’association “Eurêka” au sein de laquelle elle anime des ateliers de grec ancien, et autrice d’Eurêka, mes premiers pas en Grèce antique, aux éditions Les Belles Lettres.
Arrête ton char ! : Χαῖρε Caroline Fourgeaud-Laville ! Réjouissons-nous, et si vous le voulez bien, mettons la joie à l’honneur dans cet entretien.
Caroline Fourgeaud-Laville : En tous cas, c’est ce qui semble caractériser le grec ancien puisque son « bonjour » se dit « χαῖρε » : « réjouis-toi ». Une langue qui choisit la jouissance et les réjouissances comme salut officiel de la journée qui s’ouvre, que rêver de mieux ?
C’est l’indice premier d’une rencontre avec un langage qui parlera autant à l’intelligence qu’aux sens. C’est une première leçon donnée en forme d’impératif absolu. Réjouis-toi, réjouissons-nous donc !
ATC : Et cela vous caractérise bien, n’est-ce pas ?
Caroline Fourgeaud-Laville : Naturellement il m’est difficile de juger, mais en effet j’essaie – y compris lorsque les temps sont au gris ou à la tempête – de ménager un espace de joie en moi pour qu’il soit toujours disponible pour mes élèves, car je crois beaucoup à l’énergie (mot grec) joyeuse de la transmission. Nous avons composé des chansons parodiques afin qu’ils puissent apprendre l’alphabet ou la valeur des cas. Ainsi la musique et le second degré sont toujours au rendez-vous de nos apprentissages. Si vous enquêtez vous verrez qu’il existe quelque part dans le dark web des classicistes une chaîne youtube « Eurêka » où vous pourrez retrouver nos meilleurs tubes…
ATC : Vous souvenez-vous de votre rencontre avec l’alphabet grec ?
Caroline Fourgeaud-Laville : Notre première rencontre se déroula dans un espace-temps qu’aucun logiciel n’aurait pu favoriser. J’ai grandi dans un minuscule village du Limousin, où mon sentiment d’étrangeté a trouvé toutes les raisons de croître en beauté. Je m’étais donc appliquée à bricoler un alphabet traduisant un langage que je passais des heures à perfectionner. N’étant ni Saussure ni Benvéniste, je fus rapidement contrainte à renoncer. Puis il me tomba sous la main, tel un cadeau des dieux, un article de journal évoquant la Grèce, ses temples, ses inscriptions. Ce fut le choc. Je compris que ma langue secrète avait déjà été inventée ! Elle était si puissante qu’elle avait résisté aux siècles et, de surcroît, elle semblait avoir toutes les élégances attendues. Je partis donc à l’attaque de la bibliothèque du village, emprunter tous les ouvrages sur la Grèce. Puis ce furent de grandes chasses dans les rayons des librairies, guettant les temples ou les éphèbes sur les couvertures de livres. Je repartis ainsi, sous l’œil médusé des libraires, avec mon premier Vernant et mon premier Nietzsche sous le bras. Circonstances qui m’amèneraient au grec par la grande porte. Pour la petite anecdote, le hasard me permit de rencontrer Jean-Pierre Vernant bien des années plus tard, et il est le seul auteur auquel j’aie demandé une signature, sur ce livre de l’enfance qui attendait sans le savoir son mythique talisman.
ATC : Quels sont les petits plaisirs qui vous ont accompagnée lors de votre apprentissage du grec, ceux que vous aimeriez que l’on continue de transmettre, et ceux que vous dispensez à travers l’association Eurêka ?
Caroline Fourgeaud-Laville : Parmi tous les plaisirs d’être helléniste, il en est un inavouable. J’ai, toute jeune, considéré cette langue comme un code secret à moi seul délivré. Le grec était mon refuge et ma traversée en solitaire. Puis, le temps passant, j’ai découvert que ce secret était partagé, partageable, et qu’il n’en était pas moins précieux, au contraire ! Je suis sortie de ma caverne. Cette expérience d’apprentissage d’une langue cryptée, opaque, qui possède néanmoins le pouvoir de vous projeter mieux que tout autre véhicule dans le vaste monde de la culture, de la langue, de l’imaginaire, des arts et de la philosophie, m’a absolument captivée. Ce paradoxe vivifiant, cette mécanique incomparable qui combine si harmonieusement les émerveillements d’une exploration de soi aux éblouissements d’une découverte des plus vastes richesses du monde, m’a saisie et littéralement bouleversée. Les petits plaisirs ouvrent souvent sur de grands festins à la table desquels chacun peut s’inviter et trouver sa place. J’observe ce même mouvement chez mes élèves qui griffonnent entre eux des petits mots français écrits avec l’alphabet grec. Ils ont ainsi le plaisir de se sentir appartenir à une société secrète mais, très vite les voici gagnés par le désir de partage, et la première chose qu’ils font dans la cour de récréation est d’initier leurs copains intrigués de les voir manipuler d’aussi étranges figures et sons. Le délice du grec réside peut-être en cela, c’est un secret à partager !
Et puis il y a une multitude de petits plaisirs à apprendre le grec :
Les lettres par exemple. Elles se dessinent plus qu’elles ne se tracent, entraînant mystérieusement votre main à devenir artiste et à comprendre que la beauté est partie prenante de l’aventure grecque…
Les mots : ils se composent comme des petits trains auxquels on ajoute selon l’humeur, un préfixe, un suffixe, une désinence… Les mots sont plus mobiles, souples et modulables qu’en français, et leur sens est sans cesse remis en cause par toutes ces nuances qui viennent les orner et vous demandent la plus grande vigilance.
Les traductions comportent quant à elles leur lot de plaisirs éconduits. Sont-ce encore des plaisirs ? Oui, car il est heureux de se tromper, de rôder autour d’une phrase et d’être vaincu par elle. Dans un monde où la gagne est le credo absolu, il n’est pas mauvais d’apprendre l’humilité du courage, la fougueuse persévérance qui vous rendra plus solide dans la vie.
ATC : Eurêka est cette exclamation attribuée à Archimède, “j’ai trouvé” ! Quelles trouvailles peut-on faire dans Mes premiers pas en Grèce antique ?
Caroline Fourgeaud-Laville : « Eurêka, mes premiers pas en Grèce antique » est un livre généraliste qui devait pouvoir proposer au lecteur un aperçu de l’âge classique qui ne soit pas un simple survol mais un précipité civilisationnel mêlant dans l’éprouvette, Histoire, mythe et langage. Même si la conversation est brève on la préfère nourrie et nourrissante. J’ai donc pris soin d’enrichir l’ouvrage des dernières analyses des chercheurs, des plus récentes découvertes archéologiques, afin que ce regard soit le plus précis et le plus « à jour ». Enfin, nous pensons tout connaître du Vème siècle, or il regorge de surprises. En écrivant ce livre j’ai mieux saisi moi-même la complexité de ces quelques siècles qui ont tant marqué l’Histoire de l’humanité. J’ai également introduit dans chaque chapitre ce qui a créé chez moi une surprise en l’écrivant. C’est pourquoi le livre est aussi, à sa façon, un livre de curiosités. Anecdotes croustillantes, détails éclairants, personnages injustement plongés dans l’ombre, tous y ont droit de cité. Les femmes, par exemple, peuplent glorieusement ce livre. Désormais il ne sera plus question de les oublier. Les auteurs anciens faisaient fréquemment allusion aux femmes qui avaient marqué leur temps, mais le tamis historique les a progressivement écartées de nos références. Vous retrouverez donc Agnodikè, Phryné, Kallipateira et quelques autres, mêlées au flot du récit.
ATC : C’est le plus gros de la collection des Petits Latins. Il fallait ne rien cacher de cette vaste culture grecque ?
Caroline Fourgeaud-Laville : La pétillante collection des Petits Latins, orchestrée par Laure de Chantal, ne possédait pas encore de titre grec. Le souhait de l’éditrice étant d’ouvrir un espace au grec, il fallait pourvoir poser les premiers jalons. Un livre comme « Eurêka » répondait à ce projet. Le défi était celui-ci : comment tout dire d’une civilisation en moins de 300 pages ? L’enjeu était de répondre aux questions essentielles en synthétisant ce que nous savons depuis toujours mais en corrigeant soigneusement les lieux communs. Pour autant, il serait présomptueux de prétendre avoir tout abordé. Au sortir du livre, le lecteur sentira sans doute plus fortement les zones obscures, les questions sans réponses, les mystères autant que les miracles. J’espère même avoir mis en évidence tout ce qui demeure caché, tout ce qui résiste encore à nos scientifiques, historiens, archéologues, linguistes. Car ce qui est caché est la terra incognita de nos futurs archéologues, le continent inexploré de nos futurs linguistes, l’eldorado de nos futurs chercheurs !
ATC : Les professeurs du secondaire sont inquiets pour l’avenir de l’enseignement du grec ancien, pourtant on constate un élan vital puissant dans le milieu associatif, un élan tout court pour la culture antique dès le primaire : avez-vous un message d’espoir à leur transmettre ?
Caroline Fourgeaud-Laville : L’association Eurêka est née d’un désir de promouvoir les langues et les cultures de l’Antiquité. Qu’il s’agisse d’Histoire, d’archéologie, de sciences, d’art, de philologie, l’Antiquité nous livre d’extraordinaires trésors à partager. L’idée motrice est de relayer les savoirs et de rassembler des professeurs du supérieur, du secondaire, du primaire, des chercheurs et des amoureux du monde antique. Des jeunes collégiens en passant par des étudiants jusqu’à de jeunes retraités, tout le monde y joue un rôle et chacun y a sa place. Notre mission phare est sans aucun doute l’initiation du grec ancien auprès des enfants en classes primaires. Depuis 2018 nous avons œuvré auprès de six établissements d’enseignement public et animé des ateliers dans une dizaine de lieux. Chaque année nous touchons davantage de public et cette initiative, née au cœur du quartier latin, a désormais vocation à se développer à l’échelle nationale. Depuis la sortie du livre, de nombreux enseignants ont souhaité rejoindre le mouvement, ce qui est très encourageant. Je pense que nous avons tout intérêt à conjuguer nos efforts pour que le grec reste une langue de désir, et un champ de connaissance. Si un enfant de dix ans a fait tomber en lui le mur de la peur, s’il s’est mesuré à un alphabet inconnu, à des sonorités étranges, il ne craindra plus cette langue que l’on étiquette trop rapidement de difficile et d’inabordable. Elle est difficile, certes, mais s’y mesurer est un atout dans la construction intellectuelle et émotionnelle d’un individu. Le message d’espoir est : unissons nos talents et nos énergies !
ATC : Avez-vous envie de nous parler des projets qui vous animent pour la défense et l’illustration de la langue grecque ?
Caroline Fourgeaud-Laville : Nous voulons multiplier nos champs d’action, ouvrir de nouvelles sections dans de nouvelles écoles primaires et aller là où le grec n’est pas attendu. Pour cela il nous faut des moyens et surtout de l’énergie. Je ne doute pas que nous parvenions à « helléniser » de nombreux enfants dans les années à venir ! Par ailleurs, nous poursuivons des collaborations avec les musées et des projets de coopération artistiques et universitaires. Une exposition devrait voir le jour très prochainement mettant en valeur les inventions de l’antiquité. Une expédition sur une galère de l’âge du bronze est également au programme de nos réjouissances – tiens, la boucle est bouclée ! –
ATC :J’aime bien terminer par la séquence “coups de cœur”… Y a-t-il des mots d’origine grecque qui vous réjouissent tout particulièrement ?
Caroline Fourgeaud-Laville : Mon mot préféré est un verbe, φροντίζω (phrontízô) : penser, méditer, réfléchir, s’inquiéter, se soucier, se préoccuper de, prendre soin… C’est ainsi que je conçois le plus humain des rapports au monde. C’est ainsi que j’espère l’humain, capable de pensée et capable de connivence et d’empathie. Puis j’aime globalement les mots de la troisième déclinaison, abrupts, sauvages, lisibles à même la racine, sans fioriture comme arrachés tout vifs d’un branchage indo-européen : κόραξ (korax, le corbeau), νέκταρ (nectar) δέλφίς (delphis, le dauphin). Vous voyez, le grec entier est un voyage fantastique mêlé de musiques et d’images.
Entretien Caroline Fourgeaud-Laville : « Il faut apprendre le grec pour accéder non pas à l’eau seulement mais à la source »
24 octobre 2023Actualité, InterviewsEntretien Caroline Fourgeaud-Laville : « Il faut apprendre le grec pour accéder non pas à l’eau seulement mais à la source »
Le manuel de Grec ancien express écrit par Caroline Fourgeaud-Laville et merveilleusement illustré par Djohr, paraît aux Éditions Les Belles Lettres dans la collection La vie des classiques.
Permettez-moi avant tout de vous poser une question qui pourrait vous sembler abrupte, mais pourquoi doit-on de nous jours apprendre le grec ancien ? Beaucoup vous diront qu’il s’agit d’une langue morte et donc peu utile, d’autres, conscients de ce que les langues modernes lui doivent, apprécieront sa richesse.
Dans un quotidien traversé de difficultés, un monde secoué de drames, nos vies sont bien souvent directement meurtries ou se font, indirectement, les douloureuses chambres d’échos d’événements tragiques. A ce monde-là le grec a tout à dire. Le grec n’a jamais été plus utile qu’aujourd’hui.
Rappelons-nous combien d’éminents classicistes furent de grands résistants, des vigies efficaces, des hommes pleinement impliqués dans les combats de leur époque.
Songeons à Victor Klemperer qui rédigea dans les années trente près de 2000 pages d’un précis de philologie, conscient que son époque était « un temps de misère communicationnel » favorisant la montée du nazisme. Oui, il faut protéger la langue et résister aux simplifications, a fortiori quand tout va mal. Négliger sa langue, renoncer à enrichir ses moyens de communication, peut menacer la paix sociale en accentuant les incompréhensions, en créant des castes clivées par niveau de langage. La langue est le facteur clivant d’une société, comme l’écriture a pu être longtemps un facteur d’exclusion. Le grec façonne et enrichit le français depuis toujours et nous devons veiller à ne pas l’oblitérer de nos apprentissages si nous voulons maintenir fraternité et égalité au fronton de nos édifices. La liberté, l’éleuthéria grecque, est conditionnée sans doute par ses deux consœurs.
Les heures sombres appellent à elles la lumière, quand l’esprit pourrait s’engourdir ou s’éteindre. Sous le coup des peines répétées, l’exercice intellectuel que suppose cette langue et l’exigence qu’elle suscite vous maintient la tête hors de l’eau. Mais au-delà même des bienfaits de la pure mécanique cérébrale, le grec ce sont surtout des textes. Qu’on se penche sur les tragiques pour éclairer les paradoxes de l’âme et l’éthique des puissances, qu’on ouvre les discours de Démosthène pour s’inspirer de son ressort face aux impasses politiques, qu’on relise l’oraison funèbre de Périclès pour mesurer le poids d’appartenir à une civilisation aux valeurs démocrates et humanistes, qu’on lise enfin chaque matin Marc-Aurèle pour s’assurer, en grec dans le texte, que chacun d’entre nous a un rôle à jouer, quel qu’il soit, chacun à sa mesure, remplissant humblement le devoir singulier d’honorer la vie !
Vous le voyez, le grec est une langue dans laquelle on pense bien. C’est une langue dans laquelle la pensée s’articule si brillamment qu’aujourd’hui encore ses textes sont pour nous d’incomparables ressources. Il faut donc apprendre le grec pour accéder non pas à l’eau seulement mais à la source. Je dirais qu’il faut apprendre le grec pour le lire plus que pour le traduire. La traduction est toujours merveilleuse car c’est un acte généreux, mais j’aime aussi l’idée de laisser le texte sonner avec sa musicalité propre, si forte, qu’on veuille la faire sienne, que le grec se distille en vous, poésie, musique, idées et sang mêlés. Les Guillaume Budé sont idéalement conçus pour cela car ces ouvrages bilingues, publiés aux Belles Lettres, permettent de prendre des appuis discrets sur le français tout en restant le plus longtemps possible sur le grec.
Alors, oui, le grec est plus que jamais d’actualité. Car ce sont des pensées de l’antiquité qui consolent et guérissent les âmes d’aujourd’hui, c’est avec les chants d’amour de Sappho que l’on se prête à rêver d’un nouvel amour, et c’est avec Epicure qu’on cabre le corps et l’esprit d’un même mouvement dans l’adversité. Le grec nous porte certes les enseignements des siècles passés, mais il consolide surtout notre présent en nous assurant de penser un monde plus riche, plus structuré, plus accueillant aussi. Le grec a toutes les qualités requises pour améliorer notre rapport au monde, il est urgent de le transmettre, d’en partager les bienfaits.
Parmi les plus grandes joies de la rentrée il y a sans doute l’acquisition des nouveaux manuels scolaires. Les toucher, les feuilleter, sentir leur odeur, les couvrir avec soin, quels délices renouvelés… À quel élan et à quelle intention répond celui que vous venez de publier ?
Il me fallait poursuivre ce que j’ai initié avec la création de l’association Eurêka : rendre le grec le plus accessible possible. Aujourd’hui la plupart des professeurs ne disposent que d’une ou deux heures hebdomadaires pour enseigner une langue qui en mériterait au moins quatre. Que faire ? Selon moi il ne faut pas réduire la voilure mais plutôt l’adapter. Le plaisir réside dans le défi : créer une méthode express et en faire aussi un livre où l’on puisse aimer naviguer à loisir, perdre son temps, c’est-à-dire en gagner.
À qui s’adresse-t-il ? Faut-il avoir des connaissances préliminaires de grec ancien ou peut-on aborder ce manuel même en étant débutant ?
« Grec ancien express » est conçu pour tous les niveaux. J’ai écarté les termes excessivement techniques qui confinent au jargon pour privilégier une pédagogie accessible aux grands débutants. Les hellénistes confirmés y trouveront la boîte-à-outils idéale pour aborder l’ensemble des notions, règles, tableaux complets des déclinaisons et conjugaisons auxquels s’ajoutent des enrichissements culturels bien précieux. J’aime l’idée qu’on cesse de trouver vulgaire ce terme de « vulgarisation » qui m’est si cher. Décloisonner, transmettre, initier, vulgariser, sont les aiguillons qui ont sans conteste guidé mon travail.
Comment a été reçu votre manuel ? Est-il déjà utilisé, rencontre-t-il le succès que vous lui souhaitiez ?
Ce fut une joie et une surprise. Je n’imaginais pas une seconde qu’un manuel de grec ancien susciterait un tel enthousiasme ! Les établissements d’enseignement se le sont procuré, les enseignants l’ont apprécié et s’appuient sur lui pour développer les cours de l’année, les anciens hellénistes curieux de se rafraîchir mémoire et méninges l’ont acquis pour s’y remettre. Mais surtout, et c’est là le point central : des gens qui n’en ont jamais fait tentent l’expérience. C’est un livre dont le succès a des effets immédiats sur les vocations. Les Belles Lettres, maison d’édition créée en 1919, réussissent admirablement à rester à la pointe du progrès en renouvelant les lectorats, en rénovant les voies d’accès aux langues anciennes.
J’en profite pour vous demander de nous parler à nouveau (nous l’avons déjà évoqué dans une interview précédente1) de l’Association Eurêka, fondé en 2018.
Nous initions les enfants au grec ancien dans des écoles élémentaires, publiques et privées, de Paris et régions. Notre réseau de professeurs s’enrichit peu à peu à la faveur des nombreux articles et interviews parus récemment autour des livres. Notre action est désormais mieux connue et des professeurs nous ont rejoints, conscients de l’importance d’aller très tôt lever tous les obstacles : le grec est exotique, le grec est utile pour mieux maîtriser le français, le grec développe chez les très jeunes de grandes qualités d’adaptation, de réflexion, une créativité bien appréciable pour aborder la société dans laquelle nous vivons et dont les enfants assureront demain le renouveau avec talent.
Docteur ès-lettres à Paris IV-Sorbonne, Caroline Fourgeaud-Laville est membre du Centre de Recherche en Littérature Comparée (Sorbonne-Université). Elle publie régulièrement depuis 2002 des textes à la croisée des genres, mêlant récits, essais, critique d’art, préfaces et articles, accordant une part importante au dialogue des arts et privilégiant les collaborations avec les artistes. Elle fonde en 2018 l’association Eurêka et introduit l’enseignement du grec ancien en classes primaires.
« On s’envole soudain dans le ciel comme l’oiseau qui exulte. On plonge dans la nuit du cosmos comme un plongeur dans la mer Tyrrhénienne. On cesse d’être « contemporain », on devient « extemporain », des mots de Pascal Quignard dans les Ombres errantes qui expriment la modernité et l’attachement au grec ancien en langue française.
Caroline Fourgeaud-Laville propose aux Editions Les Belles Lettres ce manuel dont la couverture est signée Djohr, illustratrice et graphiste qui mixe les genres. Un vade-mecum qui invite au voyage d’un apprentissage vivant et ludique sous forme de séances ou escales de 50 minutes afin d’acquérir les connaissances de la langue et de la culture grecque.
Une odyssée de 24 étapes pour les néophytes ou même les plus experts en quête de connaissance, de savoir et d’esthétique. Ainsi Caroline Fourgeaud-Laville préserve l’influence et la réflexion du grec dans notre présent.
Votre livre « Grec ancien express », véritable méthode innovante s’adresse-t-il à toutes les tranches d’âge ?
« Grec ancien express » aurait pu s’appeler « Grec pour tous ». C’est l’originalité de cet ouvrage qui comporte l’ensemble des étapes qu’auront à franchir les aventuriers de cette langue pour naviguer dans la haute mer vineuse d’Homère ou dans celle, plus disciplinée, d’un Isocrate par exemple. On fait ce que l’on veut du navire que l’on vous confie et il n’est pas interdit de faire du cabotage ou de s’arrêter pour flâner un peu. « Grec ancien express » permet cela car on peut souhaiter suivre seulement certaines de ses trames : on peut se consacrer au vocabulaire et à l’étymologie, on peut vouloir n’apprendre que les petits dialogues pour s’amuser à les mettre en scène comme nous l’avons fait nous-mêmes sur nos podcasts ( Youtube « Eureka Paris 5 », tiktok @eurekarolina ), ou même faire de longues escales sur des pages où l’on découvre l’histoire de la langue grecque, ses modes de fonctionnement, ses infinies ressources de poésie et de culture. Que l’on soit un jeune mousse ou un helléniste aguerri, ce livre offre toutes les possibilités. Des étudiants m’ont déjà confié avoir apprécié l’esprit de synthèse qui permet d’embrasser toutes les principales notions et de les éclairer par des notices pédagogiques les moins jargonnantes possibles, les plus accessibles. Ce livre devrait répondre à toutes les envies et tous les besoins, il peut vous faire voyager poétiquement mais aussi vous armer pour de plus longues traversées : à vous de choisir !
Avec votre association Eurêka, vous avez introduit l’initiation au grec dès l’âge de 7 ans, pourquoi est-ce si important de commencer l’apprentissage si jeune ?
L’initiation dès 7 ans ? 7 ou 8 ans, c’est l’âge idéal, car les enfants connaissent souvent bien la mythologie et rêvent de parler la langue de Zeus ou d’Athéna. Ce qui m’a parfois surprise c’est de constater que dans bien des cas, la demande de suivre les cours de grec venait des enfants eux-mêmes, entraînant bien souvent les parents à leur suite : cela devient une expérience familiale dont chacun peut estimer l’importance. En général, on commence par l’éblouissement de l’exotisme du nouvel alphabet. C’est un point de départ rituel, une cérémonie, un passeport. Le nouvel alphabet dont on raconte l’histoire vous détourne de vos gestes quotidiens de lecture et d’écriture, il ne fait pas appel aux mêmes zones du cerveau. Le grec ancien a même été employé afin de prévenir ou de corriger la dyslexie ou d’autres troubles de l’apprentissage chez les très jeunes. C’est un enseignement qui, quel que soit
l’âge où l’on s’y adonne, permet de redevenir enfant en quelque sortes. Tout se passe comme si l’on avait à nouveau 7 ans. C’est une façon habile d’ôter les étiquettes : avec le grec tout le monde repart à zéro, puisqu’il faut apprendre à former les lettres, à lire et à écrire. J’ai vu des enfants en difficulté, intimidés par les apprentissages scolaires, s’ouvrir peu à peu et gagner en confiance : si l’on est capable de lire une langue illisible, c’est que l’on a en soi la possibilité de vivre encore bien des conquêtes ! La magie tient aussi en cela : l’échelle change, on accepte de ne pas savoir et de redémarrer un peu comme dans un jeu de société quand vous tirez la carte « chance » qui va vous permettre de rejouer, de gagner un tour. J’aime beaucoup observer chez les débutants cette renaissance joyeuse par le grec.
Quelle est votre rapport à l’art ?
L’art et le grec ne sont pas très éloignés l’un de l’autre et je les ai toujours combinés sans anicroche dans ma vie. Il faut dire que le grec ancien fait de vous des artistes. Les enfants qui apprennent l’alphabet grec, ne l’écrivent pas mais le dessinent. C’est merveilleux de voir ainsi la main d’un écolier emprunter à celle du calligraphe son tracé voluptueux et précis. Cette écriture n’en est pas vraiment une pour nous et nos cerveaux familiarisés à d’autres signes déroutent soudain leurs circuits habituels pour prendre des chemins de traverse jusqu’ici inexplorés. C’est aussi pour cela que le grec agit profondément sur le développement cérébral des jeunes. L’art offre, tout comme le grec ancien, un degré, plusieurs degrés, de compréhension du monde, plusieurs degrés de sens et de plaisirs.
Dans « Eurêka, mes premiers pas en Grèce antique » j’ai parlé des artistes qui sont souvent les grands oubliés des livres de civilisation. On parle et on décrit les œuvres, on évoque moins les artistes, leurs trouvailles, leur rôle social. Le monde ne peut se passer de se penser ou de se rêver. L’un de mes récents émerveillements artistiques s’est produit en cours de mycénien quand je découvris que l’on pouvait déjà, sur des objets purement utilitaires, dessiner des mots dont le seul but était ornemental. L’écriture est un art et c’est bouleversant de constater qu’à l’âge du bronze quelqu’un le savait et allait en laisser un si beau témoignage.
L’actualité de Caroline Fourgeaud-Laville sera riche de rencontres et de conférences. Une signature à Paris cet automne en librairie, une participation au salon du livre de Montreuil et une conférence à la Villa Kérylos en décembre pour clore l’année en beauté ! Puis le festival des langues classiques de Versailles avec Les Belles Lettres, suivra une rencontre à Athènes en février, enfin une conférence en mars à Montpellier.
« Mais je travaille surtout sur de nouveaux livres et au commissariat de l’exposition que notre association Eurêka devrait monter en 2025 avec le musée Kotsanas d’Athènes. L’antiquité est plus que jamais d’actualité ! »
Grec ancien express Caroline Fourgeaud-Laville Photo copyright Antide Viand Les belles Lettres, 15.90 euros https://www.lesbelleslettres.com
Le grec ancien fascine, la langue est millénaire. Elle a permis les plus grands chefs d’œuvre de la philosophie, du théâtre et des sciences. Derrière elle, une civilisation colossale, extraordinairement riche et, surtout, le berceau de notre culture occidentale. Pourtant, le nombre de collégiens et lycéens qui font des langues anciennes est en constante diminution. Moins de 1% apprennent aujourd’hui le grec.
Dans ce nouvel épisode du Moment des Mots, Victoire Lemoigne reçoit Caroline Fourgeaud-Laville, docteur en lettres, pour parler de l’héritage du grec ancien.
Vous pouvez retrouver le Moment des Mots sur Figaro Radio, lefigaro.fr et toutes les plateformes d’écoute.
Antiquissimo rencontre trois auteurs d’ une collection précieuse qui renoue avec la technique d’apprentissage de la langue pratiquée en classe prépa : le petit latin ou le petit grec, à savoir une lecture bilingue de ces textes anciens, de plus en plus familière parce que cursive et rapide, grâce à un va et vient entre le latin et le français, ou le Grec Ancien et le Français. Cette collection intégrée à la Vie des Classiques aux Belles Lettres (label pédagogique de cette maison d’édition) multiplie les approches pour permettre à tous ceux qui en ont envie, dans le monde scolaire ou pas, de s’approprier langues et cultures de l’Antiquité. D’améliorer aussi son français.
Grand succès avec 11 titres dont ces trois derniers titres de la rentrée 2022, Ave Cesar de Guillaume Flamerie de La Chapelle, Carmenta, prima poetria de Séverine Clément-Tarentino, avancé, et Eureka, Mes premiers pas en Grèce antique, de Caroline Fourgeaud-Laville.
AVDITE, LEGITE et NARRATE !
Pierre-Édouard Deldique reçoit dans Idées, sous le thème de la Grèce antique : Sandrine Alexandre, normalienne, agrégée et docteure en philosophie, auteure de 24 heures de la vie de Socrate aux PUF ; et Caroline Fourgeaud-Laville, docteure ès-lettres. Elle a fondé en 2018 l’association Eurêka au sein de laquelle elle enseigne et anime des ateliers de grec ancien. Par son initiative, le grec a pu faire son entrée en classes primaires, offrant avec succès une véritable initiation aux enfants de 7 à 11 ans. Elle a écrit Eurêka, mes premiers pas en Grèce antique, aux éditions Les Belles Lettres.
De la Grèce, on a l’image d’une île riche en sites archéologiques et dont la beauté attire chaque année de nombreux touristes. Le grec ancien, lui, ne suscite pas autant d’intérêt. Au micro de Thierry Lyonnet, Caroline Fourgeaud-Laville explique en quoi l’apprentissage de cette langue peut être bénéfique, et cela dès l’âge de sept ans.
Docteure ès-lettres, Caroline Fourgeaud-Laville est passionnée de grec ancien. Une passion qui la pousse à fonder l’association Eurêka en 2018. Elle y enseigne et anime des ateliers pour les plus jeunes. Dans son livre « Eurêka – Mes premiers pas en Grèce antique » (éd. Les Belles Lettres, 2022), elle montre que l’apprentissage de cette langue est possible – et recommandé – bien avant le lycée.
Le grec ancien, une langue d’érudits ?
L’étude du latin comme du grec ancien est parfois associée à une forme d’élitisme. Peu de lycéens s’inscrivent dans ces options après le collège. C’est dans la presse locale de sa Creuse natale que Caroline Fourgeaud-Laville a découvert le grec ancien. « Je parle moins de mirage que de mystère », dit-elle pour expliquer la naissance de sa passion. Elle est alors à l’école primaire. D’instinct, « et par audace, aussi », elle contacte le poète et helléniste Jacques Lacarrière. « C’est un passeur : il m’a initié à l’idée du lien fécondant entre langues de l’Antiquité et vie d’aujourd’hui. »
Il lui tient maintenant à cœur de transmettre les richesses du grec ancien. Avec son association, Caroline Fourgeaud-Laville s’est employée à faire aimer cette langue au plus grand nombre, et ce dès le primaire. Ce travail de démocratisation lui tient à cœur. Caroline Fourgeaud-Laville a longtemps milité pour que l’étude du grec ancien soit accessible dès l’âge de sept ans.
Le grec ancien, une « clé vers l’imaginaire »
Dans son livre, Caroline Fourgeaud-Laville veut rendre les choses concrètes. Elle montre à quel point « notre langue française est héritée du grec ». Le voyage et la culture y occupent également une place importante : « Je ne pouvais pas imaginer un livre de transmission qui ne soit pas un guide de voyage. » Chaque chapitre est ainsi « une fenêtre qu’on ouvre sur un paysage » pour permettre la découverte progressive du riche univers hellénistique. De l’étymologie des mots à la cuisine, en passant par la médecine ou la monnaie, elle dresse un panorama de la vie en Grèce antique dans un livre qui se veut « grand public ».
Avec l’association Eurêka ou grâce à son livre, l’intervenante encourage les enfants à s’initier au grec ancien dès leurs sept ans. Et cela passe par des techniques d’apprentissage ludiques : « On apprend d’abord des petites discussions, très ordinaires, on dialogue. C’est une joie quasiment théâtrale. »Souvent, les enfants sont là par leur propre volonté, « parce qu’ils ont vu des films dont le héros est Hercule, par exemple ». Le grec ancien, pour Caroline Fourgeaud-Laville, c’est une « clé vers l’imaginaire ». Les ateliers sont l’occasion de parler de d’Homère ou des premiers philosophes grecs. Si l’association est basée à Paris, elle ouvrira dès le mois de septembre des nouvelles sections à Nancy ou à Neuilly.